La Senne a un nouveau locataire
Inédit : un castor fréquente régulièrement la rivière au nord de Bruxelles
Communiqué de presse, le 29 décembre 2024
Avec sa queue plate et ses longues dents, il est reconnaissable au premier coup d’œil. Un castor a pris ses quartiers au nord de Bruxelles, là où la Senne est à nouveau visible depuis 2021. La remise à ciel ouvert de cette rivière emblématique à cet endroit et la renaturation du site, avec la création d’aménagements propices à la nature, toutes deux pilotées par Bruxelles Environnement, portent donc leurs fruits. La nature reprend peu à peu ses droits.
Depuis plusieurs mois, des experts de Bruxelles Environnement pressentaient sa présence. Benjamin Thiebaux, du Département Maillage bleu : « Nous avons observé depuis plusieurs mois des traces sur des troncs et des coupes d’arbres caractéristiques. Comme le castor est un animal principalement nocturne, nous avons installé des caméras infra-rouges, à déclenchement automatique sur le site. Ce n’est qu’il y a quelques jours que l’animal a enfin pu être filmé et photographié. Le nouvel habitant est bel et bien un castor d’Europe, le plus gros rongeur de notre continent ».
Jusqu’à la fin du Moyen-Age, le castor était présent dans toute l’Europe avant de disparaitre, en Belgique notamment, au 19ième siècle. Son extermination a fait suite à sa chasse pour sa fourrure et pour sa viande mais aussi pour son castoréum, la substance huileuse et odorante qu’il émet pour marquer son territoire et utilisée en parfumerie. Ce sont des réintroductions qui ont amené cet excellent nageur à faire son retour dans les cours d’eau belges dans les années 90, après 2 siècles d’absence environ. L’espèce est en pleine expansion. Notre pays compte plusieurs milliers d’individus installés, y compris dans des zones urbanisées. La Région bruxelloise compte donc désormais également au moins un spécimen « installé ».
Cette présence répétée et régulière, depuis plusieurs mois, est inédite dans la capitale. Notons que ce n’est pas la seule observation de l’espèce en Région bruxelloise. Des gardes forestiers de Bruxelles Environnement ont vu également, à plusieurs reprises ces derniers mois, des traces indiquant la présence de castors en Forêt de Soignes. Ceux-là sont, a priori, de passage.
Le castor est, rappelons-le, protégé. Il est interdit de le tuer, de lui nuire en détruisant par exemple des sites de reproduction ou ses habitats naturels, de détenir, transporter, vendre ou acheter des individus.
Le castor, un allié pour la biodiversité
Sa présence est une bonne nouvelle pour la biodiversité et la santé de nos écosystèmes. En coupant des arbres et en créant des réserves d'eau pour s’alimenter et construire sa hutte et des barrages, cet ingénieur à quatre pattes peut créer des ouvertures dans les forêts et inonde parfois des zones en surface, voire crée de véritables étangs. Cette création de zones humides est propice au développement d’espèces telles que les tritons, les batraciens ou les libellules. Ces derniers alimenteront d’autres espèces comme les rapaces et les cigognes. Les barrages permettent également une épuration naturelle des eaux de surface ou de ruissellement. Cela dit, la présence de castors n’a pas toujours que des avantages : les coupes d’arbres et d’éventuelles inondations constituent la majorité des désagréments.
Au niveau de la Senne, ces risques sont a priori écartés. Le courant, qui peut varier rapidement et de manière importante, diminue fortement la probabilité qu’un véritable barrage en travers du cours d’eau puisse être créé.
S’agit-il d’un passage temporaire ou d’une installation à plus long terme ? L’avenir nous le dira. Bruxelles Environnement suit la situation de près, étudie comment gérer la zone en bonne entente avec le nouvel habitant et est vigilante quant aux éventuels désagréments que cette arrivée pourrait occasionner.
La nature reprend ses droits
Grâce notamment à la remise à ciel ouvert de la Senne au nord de Bruxelles et à la renaturation du site, la faune et la flore se réinstallent. Preuve en est avec l’arrivée de ce castor sur le site. Ces travaux contribuent également à l’augmentation des populations d’hirondelles de fenêtre, de poissons ou encore de lézards. Ils ont un impact également sur la qualité des eaux de la Senne.
Plus d'infos :
Pascale Hourman